Une exposition de groupe avec la participation de: Hedwig Houben, Jennifer Tee, Caroline Achaintre, Robert Orchardson, Emmanuelle Lainé
Dans un monde de l’art offrant une infinité de possibilités, peut-on parler de seulement six possibilités pour une sculpture?
Cette exposition présente le travail de cinq artistes qui embrassent la sculpture comme une force active plutôt qu’un objet statique. La critique d’art Rosalind Krauss a un jour posé la question suivante : « À quel point la sculpture est-elle nécessaire pour produire les effets de la sculpture ? » Son texte ‘Sculpture in the Expanded Field’ (1979), examine les pratiques immatérielles croissantes dans cette discipline. Tandis qu’elle déplorera par la suite l’estompement des distinctions entre les disciplines, son texte était un jalon important dans ce qui est entre-temps considéré comme la condition post-disciplinaire. Si les artistes qui participent à cette exposition ne se limitent à une seule discipline, tous sont engagés dans la pratique de la sculpture et donnent des formes physiques à leurs idées. Ils adhèrent à la théâtralité de la sculpture – autrefois dénoncée comme sa faiblesse – et choisissent d’activer leurs formes de différentes manières, les mettant (parfois même littéralement) en scène.
Ils sont tous préoccupés par des questions de création, de réalisation, de processus, et même d’artisanat. Comme le font remarquer Eva Grubinger et Jörg Heiser dans l’introduction de leur ouvrage Sculpture Unlimited (Sternberg Press, 2012), « on observe un regain d’intérêt pour l’histoire de la sculpture qui va de pair avec un retour aux techniques et méthodes de production traditionnelles, ce qui peut paraître étrangement radical et nouveau à l’ère d’Internet et de la simulation. » Ce qui me frappe en particulier dans ce retour aux techniques traditionnelles qu’appliquent à leurs oeuvres les artistes présentées dans cette exposition, c’est le fait qu’ils les conjuguent à un savoir-faire conceptuel, une légèreté de touche et un humour salutaire.
Même si l’exposition n’a pas été conçue dans l’idée de porter sur l’édifice qui l’accueille, il serait fallacieux d’ignorer le symbolisme lourdement chargé de l’espace. Les codes de la franc-maçonnerie sont enracinés de façon indélébile dans la structure même de cette ancienne loge. Les œuvres de l’exposition flirtent avec la présence totémique de la sculpture, avec son potentiel ritualiste. Néanmoins, tout rituel que peuvent évoquer les œuvres est purement artistique et appartient au domaine de l’art contemporain, un espace qui offre une grande liberté et des possibilités infinies.
Un commissariat de Zoë Gray
Texte d'exposition