C’est en se plongeant dans l’histoire de l’intervention militaire belge après l’indépendance du Congo, que Sven Augustijnen s’intéresse de plus près à la ville de Kamina. Certaines rencontres faites à l’occasion de Spectres – un long-métrage documentaire réalisé par l’artiste en 2011, qui analyse le passé colonial belge par le biais de l’assassinat de Patrice Lumumba – mènent l’artiste sur la piste d’un réduit national que la Belgique aurait édifié au Katanga dans les années cinquante.
L’absence de données claires sur le sujet ainsi que l’intérêt de l’artiste pour tout ce qui touche de près ou de loin au spectre communiste qui plane sur l’Europe d’après guerre stimulent sa curiosité. Suite à quelques recherches préliminaires, Sven Augustijnen localise un fonds d’archives au Centre de Documentation historique des Forces armées (ACOS IS/CA) qui contiendraient des informations liées au projet de réduit.
L’artiste y entreprend un travail titanesque qui consiste à documenter et analyser des milliers de photos, de négatifs, de calques et autres plans divers. Ces documents n’ont jusque-là jamais quitté le centre d’archives ni été exploités. Grâce à la complicité de l’un des archivistes, Augustijnen y exhume les plans d’une entreprise belge étonnante: le développement d’une base militaire et d’une cité gouvernementale refuge à Kamina.
Le Réduit retrace l’histoire de la base de Kamina, qui apparaît au début comme une matérialisation architecturale et urbaine de la crainte d’une invasion soviétique et poursuit ensuite son rôle stratégique au gré des bouleversements politiques de notre siècle.
Un commissariat de Anne-Claire Schmitz