Carte blanche à Katinka Bock
Programme de films en ligne sur la plateforme de la loge
“ Pour moi, le film est un soutien lorsque je n’arrive pas à résoudre ou à ouvrir une question avec la sculpture. Je touche et j’essaie. “ K. Bock
Du 1er et 13 mars, 2022, La Loge en ligne propose une série de films courts de l’artiste Katinka Bock et d’artistes invité.e.s, Daniel Steegmann Mangrané et Ulla von Brandenburg. Imaginé dans la continuité de l’exposition Common People (22.01-27.03.22), ce programme digital intitulé Schön von hinten est une autre histoire de périphérie, de regards (empêchés), de lignes et de cercles, au cœur des formes et de la pratique de Katinka Bock.
Katinka Bock, _o_o__o (red and green), 2017
Super 8 film, noir et blanc digitalisé, sans son, 2min 50
Courtoisie de l’artiste et de la galerie Jocelyn Wolff
“Je suis intéressée par les potentiels du changement. Je n’essaie pas de capturer la réalité selon les idées préconçues que j’en ai. La caméra Super8 introduit une distance entre les objets et ma façon de les voir. Il manque quelque chose dans le film : la couleur, bien sûr, mais aussi tous les sens et la conscience que la réalité peut avoir. C’est la perspective d’un amateur ; qui aime le processus sans se soucier d’une représentation précise de la réalité.“ K. Bock
Katinka Bock, Zarba Lonsa, 2015
Super 8mm, noir et blanc, sans son, digitalisé, 4 min
Courtoisie de l’artiste et de la galerie Jocelyn Wolff
Des sculptures de formats très variables deviennent les « protagonistes» de ce film réalisé en Super8. Dans une sorte de corps à corps entre des figures qu’on aperçoit partiellement et les sculptures qu’elles manipulent, des anatomies en constante transformation se forment et disparaissent. Ces apparitions répondent à un jeu de possible interactions entre plusieurs formes, plusieurs orientations, entre contenant, contenu et manipulant. Les sculptures, les corps et le mouvement des images résonnent ensemble comme pour mieux révéler la porosité existant entre espace intérieur et extérieur.
Katinka Bock, Couler un tas de pierres, 2007
8mm transféré sur dvd, 2 min 45.
Courtoisie de l’artiste et de la galerie Jocelyn Wolff
Le titre oscille entre le proverbe et le protocole. Couler un tas de pierres est autant un film, une activation, qu’une sculpture réalisée par sa disparition. Une barque chargée de pierres ramassées dans les champs aux alentours de Château-Thierry est conduite par une autre barque sur un bras de la Marne, appelé la Fausse Marne, puis coulée en un endroit.
Ulla von Brandenburg, Around, 2005
Super 16 mm film transformed to HD video, black and white, silent, 2:45 min
Courtoisie de l’artiste & Galerie Art: Concept (Paris), Meyer Riegger (Berlin/Karlsruhe), Pilar Corrias Gallery (Londres/ London), Produzentengalerie Hamburg (Hambourg / Hamburg)
Tu es belle de dos, tu es belle quand tu dois partir. Françoise Cactus aime les adieux et la distance. J’observe la nuque, les épaules, j’écoute les mots de la femme devant moi dans la file d’attente. Je me demande : quel est le visage associé à cette voix ?
Ulla aime le spectacle et l’espace des coulisses. Celui de la liberté. Tu t’inclines, le rideau tombe. Je veux te voir partir, tourner, t’éloigner et ne plus jamais revenir. Il arrive qu’une personne ne revienne jamais.
En 2005, une série d’émeutes violentes éclate dans la région parisienne. Toi et moi venons d’arriver à Paris, nous ne nous connaissons pas encore. Nous vivons dans le centre. Nous voyons des dos, nous tournons avec eux, parfois en décalage. Le disque ne joue jamais les faces A et B en simultané. Trente-trois tours, A-B-BA.
Où est le milieu de la périphérie ? En 2005, le milieu est bleu. Je roule sur le périphérique, je tourne à gauche, à droite. Je photographie la banlieue, et quarante-cinq minutes d’une nuit se déroule sur la pellicule. Je photographie Paris, quarante-cinq minutes de la même nuit sur une autre pellicule. Tu es belle de dos, tu es belle dans la nuit.
Extrait de Around, pour Ulla, par Katinka Bock, septembre 2020.
Daniel Steegmann Mangrané, 16mm, 2007
Film 16mm, couleur, 04min52.
Courtoisie de l’artiste.
Ce film a été tourné en 16 mm dans la forêt tropicale du sud-ouest du Brésil, la Mata Atlântica. Suivant les stratégies du cinéma structurel, le 16 mm joue avec le rouleau de pellicule utilisé pour le filmer comme point de départ pour la forme et le contenu du film. Un rouleau de film 16 mm standard de 200 pieds (60,96 mètres) donne une longueur approximative de 5’ 33” (2,36 mètres). Cela signifie qu’un mètre de film est utilisé toutes les 5,46 secondes ou 18,3 cm par seconde. Pour réaliser cette oeuvre, l’artiste a modifié une caméra 16mm. La particularité de cette modification est qu’un seul moteur fait tourner, simultanément et à la même vitesse, le film sur la bobine et la caméra le long du câble. Chaque mètre de film tourné correspond exactement à un mètre d’avance dans les bois, et la vitesse de ce mouvement correspond à la vitesse atteinte par le film dans la caméra. Le résultat est une prise unique et continue, un long plan qui se déplace à une vitesse constante dans la jungle, s’enfonçant de plus en plus dans les profondeurs de la forêt, pendant toute la durée de la bobine de film, mètre par mètre. 16mm est à la fois un essai sur le cinéma, la forêt et les traversées qui s’y produisent. Un film sur le temps et la nature de l’acte créatif.
Biographies
Katinka Bock est née en 1976 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) et vit et travaille à Paris. Sa pratique croise la sculpture, le film, la photographie et l’installation et s’attache aux concepts liés à l’histoire, au territoire, aux coutumes et aux symboles. En 2021, elle présente Logbook à Artium Museo de Arte Contemporáneo del País Vasco, Vitoria-Gasteiz, Baskenland. En 2020, dans le cadre de L’art dans les chapelles en Bretagne, elle investit la Chapelle Saint-Adrien à Saint-Barthélemy et produit Rauschen à Kestner Gesellschaft, Hambourg. Sa première exposition institutionnelle parisienne est Tumulte à Higienópolis à Lafayette Anticipations (2019). En 2018, elle a réalisé Tomorrow’s Sculpture, un cycle d’expositions en trois temps entre le Kunstmuseum Winterthur (Sonar), Mudam Luxembourg (Smog) et Institut d’art contemporain, Villeurbanne (Radio). Parmi ses autres expositions personnelles, citons encore One of Hundred, FalseFront, Portland Oregon (2017) ; Zarba Lonsa aux Laboratoires d’Aubervilliers (2015) ; Katinka Bock: 40 Räuber au MAMCO, Genève (2013 –14). Ces dernières années, elle a participé à des d’expositions de groupe au Jeu de Paume, Paris ; Musée d’art moderne de la ville de Paris ; Kunstmuseum Bonn (2021) ; Credac, Ivry sur Seine (2020) ; FRAC Occitanie Montpellier ; Musée Zadkine Paris (2018) ; KIOSK, Gand (2015). En 2019, Katinka Bock fait partie des artistes nominé.e.s pour le Prix Marcel Duchamp. Elle a été artiste en résidence à la Villa Médicis de Rome (2012-13) et a reçu le 14e Prix de la Fondation Ricard en France et le Prix Dorothea von Stetten en Allemagne (2012). Elle est diplômée de la Kunsthochule Berlin-Weissensee (2004) et de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon (2005). Depuis 2013 Katinka Bock publie la série One of Hundred, Katinka Bock en coopération avec Louis Lüthi. Elle publie régulièrement avec Roma Publications, Mer Paperkunstalle, Abäke, Paraguay Press et Distanz et collabore souvent avec MOREpublisher.
Ulla von Brandenburg est née en 1974 à Karlsruhe et installée à Paris depuis 2005. Après une formation en scénographie à Karlsruhe et une brève incursion dans le milieu théâtral, elle se forme à la Hochschule für Bildende Künste à Hambourg. Son oeuvre se caractérise par la diversité des supports et des médiums (installations, films, aquarelles, peintures murales, collages, performances…) qui se répondent les uns aux autres et qu’elle met en scène en fonction des espaces d’exposition. Elle maitrise parfaitement les codes de la scénographie, elle se nourrie de littérature, d’histoire des arts et d’architecture mais aussi de psychanalyse, de spiritisme et de magie. Elle emprunte aussi bien aux rituels ésotériques et aux cérémonies populaires qu’aux mécanismes et aux codes du théâtre pour explorer la construction de nos structures sociales. Masques, costumes, décors et accessoires relevant de différentes traditions populaires lui permettent ainsi de transgresser symboliquement les normes et les hiérarchies en mêlant subtilement la réalité et les apparences dans des mises en scènes théâtrales. Reconnu internationalement, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, comme par exemple au Palais de Tokyo (2020), au MRAC à Sérignan (2019), à la Whitechapel Gallery à Londres (2018), au Musée Jenisch Vevey en Suisse (2018), au Kunstmuseum de Bonn (2018), au Perez Art Museum de Miami (2016) ou encore au Contemporary Art Museum de Saint Louis (2016). Ses oeuvres font partie de collections prestigieuses comme celle de la Tate Modern à Londres, du Mamco à Genève, du Centre Pompidou à Paris ou du Mudam à Luxembourg.
Daniel Steegmann Mangrané est né en 1997 à Barcelone, il vit et travaille à Rio de Janeiro. Du dessin au film, en passant par la sculpture, l’installation ou l’intervention sur le paysage, Daniel Steegmann Mangrané questionne notre rapport à l’environnement et invite le.a spectateur.ice à s’engager physiquement dans une projection ou un déplacement. Le travail de Mangrané souligne les frontières où le naturel rencontre l’artificiel. Les lignes, les cercles et les losanges sont dessinés, coupés et projetés dans une intervention précise qui créait une puissante force d’attraction. Ce goût pour l’expérimentation sensorielle se retrouve dans plusieurs de ses oeuvres dont, entre autres, 16 mm (2015), Phantom (2015), Spiral Forest 2 (2015) et A Transparent Leaf Instead Of The Mouth (2016-2017). Pour l’artiste, l’espace du musée et de l’exposition sont des environnement où nos relations aux objets et à la réalité sont redéfinies. Ses récentes expositions personnelles ont été présentées à la Kunsthalle Münster, Münster (2020) ; Pirelli HangarBicocca, Milan (2019) ; Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, Villeurbanne (2019) ; CCS Bard College, New York (2018) ; Fundació Tàpies (2018) ; Museu Serralves, Porto (2017) ; MAMM, Medellín (2016) ; Fondation Lafayette, Paris (2015). Son travail a également été présenté dans le cadre des expositions collectives Liverpool Biennial (2021) ; Taipei Biennial (2020) ; Concrete Contemporary, Museum Haus Konstruktiv, Zürich (2019) ; I was raised on the internet, Museum of Contemporary Art, Chicago (2018) ; Mixed Realities, Kunstmuseum Stuttgart, (2018) ; Cosmic Spring, Centre Pompidou, Metz (2017) ; entre autres.